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Cadre pour la parité femmes-hommes et l’inclusion sociale



             Former la prochaine génération de spécialistes des eaux
             souterraines au Sahel


             Maintenant  que  les  eaux  de  surface  sont  menacées  par  le  Par  suite  de  l’insuffisance  des  ressources  de  l’université,  le
             changement  climatique  en  Afrique,  les  eaux  souterraines  nombre   d’étudiants   qui   s’inscrivent   au   programme
             deviennent  une  ressource  vitale  inexploitée.  Pourtant,  les  d’hydrogéologie est près de cinq fois supérieur au nombre de
             connaissances  limitées  sur  les  ressources  en  eaux  places disponibles — qui est bien insuffisant pour répondre aux
             souterraines du Sahel, point chaud du changement climatique  besoins de la région dans le domaine de la gestion des eaux
             et l’une des régions les plus pauvres du monde, entravent les  souterraines. La table ronde a par ailleurs clairement montré
             efforts  entrepris  pour  définir  des  stratégies  permettant  de  que la qualité de la formation était inégale à travers le Sahel, de
             faire  face  à  la  pénurie  d’eau.  Le  nombre  d’hydrogéologues  sorte  que  certains  étudiants  ne  peuvent  pas  se  former  aux
             formés  à  la  gestion  durable  des  eaux  souterraines  est  de  sciences de la terre et ainsi acquérir des compétences de base
             surcroît insuffisant.                              en géologie ou obtenir des stages ou des emplois.
             CIWA  joue  un  rôle  primordial  en  mobilisant  les  parties  L’examen de ces difficultés et de ces opportunités communes
             prenantes  dans  le  but  d’accroître  le  nombre  limité  de  aux six pays a contribué à renforcer les liens de confiance et de
             spécialistes des eaux souterraines du Sahel et renforcer leurs  coopération.  «  Nous  partageons  certains  bassins,  avons  le
             compétences. Il a apporté son soutien à une table ronde de  même  climat,  des  contextes  socio-économiques  similaires  et
             sept  jours  organisée  en  mars  2022  à  Nouakchott  (en  manquons tous de ressources en eau », note Mme Faye. « Il
             Mauritanie),  qui  a  permis  à  des  universitaires  chargés  de  la  était dans notre intérêt de mettre en commun nos ressources
             formation des spécialistes des eaux souterraines dans six pays  et  de  créer  un  programme  unique  qui  permettra  aux
             d’identifier  les  principales  lacunes  que  présente  cette  universités  de  procéder  à  des  échanges  d’étudiants  et  de
             formation et de formuler des solutions.            compétences… ce qui peut être profitable à tous les pays. »
             Le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal, et  Mme Faye estime que CIWA peut continuer à jouer « un rôle
             le  Tchad  ont  pris  la  décision  d’améliorer  la  qualité  de  la  décisif en facilitant les rencontres entre les établissements de
             formation  de  premier  cycle  pour  inciter  les  étudiants  formation spécialisés dans les ressources en eau de différents
             intéressés  à  se  spécialiser  dans  les  eaux  souterraines  et  de  pays,  en  créant  des  cadres  de  réflexion  pour  améliorer  les
             créer un programme commun de maîtrise en hydrogéologie,  connaissances,  en  identifiant  les  lacunes  et  en  trouvant  des
             ce qui pourrait changer la donne. De nombreux Sahéliens qui  solutions ensemble. »
             souhaitent  faire  carrière  dans  les  eaux  souterraines  doivent
             poursuivre leurs études universitaires dans un pays étranger  Les participants à la table ronde ont accueilli très favorablement
             pour  obtenir  des  diplômes  de  haut  niveau  et  peuvent  alors  le programme de maîtrise envisagé. Ce dernier, dont l’élaboration
             décider  de  rester  dans  ce  pays  pour  y  travailler.  Un  et  la  mise  en  place  devraient  prendre  trois  ans,  permettra
             programme de maîtrise local pourrait inverser cette tendance  d’exploiter les précieuses ressources en eaux souterraines de la
             et renforcer les compétences spécialisées de la région.  région.  «  C’est  une  excellente  idée  »,  dit-elle.  «  Cela  sera
                                                                extraordinaire, vraiment fantastique ».
             «  Cette  table  ronde  a  permis  d’approfondir  la  réflexion,  de
             partager les expériences de chaque pays, de combler les lacunes
             et  de  trouver  des  solutions  »,  a  déclaré  Mme  Seynabou  Cisse
             Faye, hydrogéologue senior et professeure associée, responsable
             de la formation en hydrogéologie au département de géologie de
             l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Sénégal).
             Confrontée  au  défi  consistant  à  accroître  le  nombre  de
             femmes dans le département de géologie, Mme Faye a décidé
             de  se  tourner  vers  le  domaine  des  eaux  souterraines  :  «  La
             géologie  n’était  pas  une  discipline  très  attrayante  pour  les
             femmes,  et  la  formation  des  femmes  ne  suscitait  guère
             d’enthousiasme. » note-t-elle.

             « Je me suis demandé pourquoi le
             nombre de femmes était si faible.
             C’est ce qui m’a poussé à
             m’engager dans ce domaine »,



             explique Mme Faye, dont les travaux universitaires portent
             notamment sur la vulnérabilité et la pollution des systèmes
             aquifères  dans  les  zones  urbaines,  les  régions  minières  et
             agricoles,  et  sur  la  contribution  des  outils  isotopiques  à
             l’étude de la pollution. Elle a finalement accédé au poste de
             chef  du  département  géologie  de  2017  à  2021  et  dirige
             aujourd’hui  le  programme  de  maîtrise  en  hydrogéologie.
             Elle est également responsable scientifique du laboratoire
             d’hydrochimie du département.
             Mme Faye a elle-même constaté combien il était difficile de
             recruter des étudiants intéressés par le métier de spécialiste
             en  eau  souterraine  dans  son  université.  «  Notre  principal
             problème à l’heure actuelle est la formation », dit-elle.  ©Jorge Trevino/CIWA — Fleuve Chari vu de la CBLT, février 2022





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