Page 9 - Cadre CIWA pour la biodiversité et la conservation
P. 9
Cadre de CIWA pour la biodiversité et sa conservation
CIWA et la préservation
de la biodiversité Il importe de coordonner nos efforts et d’agir de concert pour
protéger et gérer les ressources de la planète. La société jouit
gratuitement des biens publics mondiaux tels que les océans,
Biodiversity as a Global Public Good les forêts tropicales et l’eau douce des réseaux fluviaux
régionaux. Ces ressources, que l’on pense souvent pouvoir
La biodiversité constitue un bien public à l’échelle locale, obtenir librement, font l’objet de la « tragédie des communs »,
nationale, régionale et mondiale. La biodiversité conditionne selon laquelle les ressources régionales et mondiales, comme
nos existences et notre bien-être et procure de nombreux les ressources en eau transfrontalières, sont consommées par
avantages essentiels à tous les être humains, notamment dans des individus au détriment de la société. En effet, lorsque les
les domaines de la sécurité alimentaire, de l’eau potable, de la individus peuvent utiliser une ressource publique pour servir
prévention et de la lutte contre les maladies, de la résilience leurs seuls intérêts, cette dernière donne lieu à des
climatique, de la protection contre les risques de catastrophe et investissements insuffisants, sont utilisées de manière non
de l’atténuation de leurs effets. La biodiversité contribue de durable et s’épuisent¹⁴.
manière fondamentale, bien que variable, à la fourniture de
services écosystémiques. De nombreux secteurs économiques Il est possible de suivre des trajectoires permettant simultanément
dépendent directement des flux de biens et de services d’arrêter et d’inverser la perte de biodiversité, d’atténuer les effets
produits par la nature, comme les denrées alimentaires, les du changement climatique, de renforcer les capacités d’adaptation
matières premières, la pollinisation, la filtration de l’eau et la à ceux-ci et d’atteindre d’autres objectifs comme le renforcement
régulation du climat. Selon le rapport Economic Case for de la sécurité hydrique et alimentaire. Il est nécessaire, pour
Nature publié par la Banque mondiale, la disparition partielle promouvoir ces trajectoires propices à un avenir durable, de prendre
des services écosystémiques pourrait se traduire par une baisse des mesures audacieuses et interdépendantes sur plusieurs fronts,
de 2,3 % du PIB mondial (2 700 millions de dollars) en 2030, et toutes nécessaires, mais aussi insuffisantes à elles seules. Le
toucherait plus particulièrement les pays les plus pauvres¹³. programme CIWA a ainsi la possibilité de recourir au mécanisme de
la collaboration régionale pour intensifier considérablement les
Nos modes de vie, d’échanges commerciaux, de déplacements, efforts de conservation et de restauration de la biodiversité et de
d’utilisation des ressources et de production de déchets affectent lutte contre le changement climatique grâce au renforcement de la
la biodiversité, les écosystèmes et les services qu’ils fournissent gestion des ressources transfrontalières.
pour assurer notre bien-être et nos moyens de subsistance. La
biodiversité en Afrique est essentiellement menacée par
l’empiètement humain, la fragmentation et la destruction des Principaux avantages et menaces pour les
habitats, les maladies, les espèces exotiques, l’utilisation non écosystèmes d’eau douce
durable des ressources et la pollution. Ces facteurs sont aggravés
par le changement climatique, qui multiplie et intensifie les L’eau, les rivières et les autres écosystèmes d’eau douce sont
épisodes de sécheresse et les inondations, amplifie les vagues de essentiels au maintien de la biodiversité et des services et
chaleur et modifie les régimes pluviométriques. Ces effets du avantages procurés par des systèmes naturels sains et
changement climatique se font sentir dans tous les domaines et fonctionnels. Les rivières contribuent de manière importante à
touchent la plupart des groupes d’espèces et accentuent souvent l’apport de sédiments qui permettent de maintenir les berges,
les menaces liées à d’autres facteurs. La protection, la restauration les plaines inondables, les dunes côtières et les deltas. Les
et le maintien d’écosystèmes sains favorisent les processus zones humides abritent certains des écosystèmes les plus
naturels d’adaptation au changement climatique et d’atténuation riches et les plus biodiversifiés au monde. Elles assurent de
de ses effets, offrent une protection accrue aux populations nombreux services, notamment la réduction des risques
locales et renforcent leur résilience face à ces effets et aux d’inondation, le captage et le stockage du carbone, la
catastrophes naturelles. purification de l’eau et la recharge des nappes phréatiques, et
soutiennent durablement les populations piscicoles. Les
poissons d’eau douce contribuent aux moyens de subsistance
des populations rurales vulnérables, renforcent la sécurité
alimentaire et jouent souvent un rôle important dans les
économies locales. L’approvisionnement durable en eaux
souterraines est essentiel aux écosystèmes dépendant des
eaux souterraines (GDE), comme la végétation des rives et les
prairies, et soutient indirectement les lacs et les zones
humides. Les débits écologiques des eaux souterraines et des
eaux de surface servent à maintenir les composantes, les
fonctions, les processus et la résilience des écosystèmes
aquatiques afin de garantir la fourniture permanente de biens
et de services aux populations locales. Le maintien des liens
entre les éléments terrestres et les masses d’eau, de la source à
la côte, est un aspect essentiel de la gestion des eaux
transfrontalières et de leur biodiversité. Il revêt une
importance cruciale pour la poursuite d’un débit d’eau suffisant
et le déplacement des nutriments et des sédiments qui
définissent les ressources en eau ainsi que la migration et la
dispersion des espèces en amont et en aval, latéralement dans
les plaines inondables et verticalement dans les eaux
souterraines, dans l’espace et le temps.
L’Afrique subit de plein fouet les effets du changement climatique,
qui se traduit par une augmentation des phénomènes extrêmes
tels que les inondations et les sécheresses. Cette situation aura de
profondes répercussions sur l’économie et sur sa capacité à
subvenir aux besoins d’une population croissante, fortement
exposée aux aléas du changement climatique. Les écosystèmes
d’eau douce d’Afrique australe subissent les effets néfastes du
changement climatique, certaines régions enregistrant déjà une
baisse des précipitations. Les pays devront coordonner leurs
efforts pour lutter contre les risques climatiques, puisque de
nombreux cours d’eau régionaux sont reliés à des bassins fluviaux
transfrontaliers. En l’absence d’une gestion concertée et efficace
des ressources en eau transfrontalières, il se peut que des conflits
éclatent entre les pays.
¹³ https://www.worldbank.org/en/topic/environment/publication/the-economic-case-for-nature
¹⁴ https://earth.org/what-is-tragedy-of-the-commons/ 06