Une vision globale des ressources en eau pour gérer et préserver le lac Tchad
Posté le : 23 février 2021 (Blog)
Quatrième plus grand lac d’Afrique, le lac Tchad est partagé entre le Cameroun, le Niger, le Nigéria et le Tchad. Ce plan d’eau tropical fertile et ses zones humides, constitue, depuis des temps immémoriaux, la principale source de subsistance pour des milliers et des milliers d’agriculteurs, d’éleveurs, de pêcheurs, de chasseurs, qui se sont adaptés au rythme de ses eaux et des dynamiques qu’elle engendre. Aujourd’hui, cette oasis bleue est un centre d’exportations de nourriture, jouant un rôle crucial pour la sécurité alimentaire de toute la région.
Dans ce milieu rude et aride, le lac contribue à préserver la faune et la flore sauvages grâce à ses riches écosystèmes. Toutefois, en dépit de la richesse et de la diversité de ces ressources naturelles, le lac Tchad et son pourtour sont confrontés à de nombreuses difficultés socioécologiques telles que la variabilité climatique et les changements hydrologiques, l’expansion incontrôlée de l’irrigation, la pollution, le faible indice de développement humain, l’accès limité aux services de base. Le taux de croissance démographique de la région est l’un des plus élevés au monde. La majorité de la population vit dans une situation d’extrême pauvreté et d’insécurité. Les services publics de base (eau, éducation, santé, infrastructures et électricité) restent précaires, en particulier dans les zones rurales.
Faisceaux de facteurs qui ont conduit la Commission du bassin du lac Tchad (CBLT) à requérir le soutien du Programme de Coopération pour les eaux internationales en Afrique (CIWA) afin de produire, de partager et de gérer les connaissances susceptibles de contribuer à une croissance durable, inclusive et à l’épreuve des aléas climatiques, en s’attaquant notamment aux obstacles à une gestion et à une mise en valeur concertées des eaux transfrontières. Grâce à l’assistance de ce fonds fiduciaire multi-donateurs, les différentes parties prenantes sont parvenues à une conception commune des possibilités, des risques, des coûts et des avantages d’une telle collaboration. Car CIWA reste convaincu que la sécurité hydrique et la coopération autour des ressources en eau partagées contribueront à rétablir la paix et la prospérité dans la région.
Mobiliser la communauté internationale grâce à un plan d’action pour la résilience climatique
La demande présentée par la CBLT en juillet 2015 en vue d’obtenir un appui pour l’élaboration d’un plan de développement et d’adaptation au changement climatique du lac Tchad marque le début du soutien de CIWA à la CLBT. Ce plan d’action, élaboré avec l’appui de nombreux partenaires, faisait partie du Business plan de la Banque mondiale, pour le climat, doté d’un budget de 16 milliards de dollars et qui avait été présenté lors de la COP21 à Paris.
Ce plan analyse les besoins d’investissements plurisectoriels de la région tout en montrant que certains aspects de la dynamique du lac, en particulier les variations significatives de sa superficie à différentes périodes de l’histoire et leurs répercussions sur son écosystème, sont mal compris. Il fait ressortir non seulement que la superficie du lac reste principalement déterminée par les précipitations ; mais aussi qu’elle sera de plus en plus difficile à prévoir dans les scénarios climatiques futurs. Ce document met également en évidence les différentes menaces auxquelles le lac est exposé, dont l’évaporation croissante causée par le changement climatique, l’irrigation à grande échelle et le développement de l’industrie pétrolière.
Ce plan décennal a pour objet d’améliorer les moyens d’existence et de renforcer la résilience des populations riveraines pour faire du lac Tchad un centre régional de développement rural. Depuis 2015, les différentes composantes du plan sont financées par plusieurs partenaires. Ainsi, plus d’un milliard de dollars ont été investis pour rétablir et enrichir la base productive de la région, et pour améliorer les moyens de subsistance de 2 millions de riverains, et garantir la sécurité alimentaire de 13 millions de personnes vivant dans un rayon de 300 km autour du lac.
Intégrer les données et les connaissances relatives aux eaux souterraines
En outre, CIWA a participé aux efforts d’amélioration du suivi et de la connaissance de la dynamique des eaux du lac, en sachant pertinemment que l’internalisation des données et des connaissances dans ce domaine permet de prendre des décisions avisées. En appuyant les activités d’assistance technique menées dans la région, CIWA vise à privilégier une démarche basée sur des faits pour faciliter la prise de décisions concernant les ressources en eaux partagées au niveau du bassin. Ce qui, à terme, permet de réduire la pauvreté, de renforcer la résilience climatique et d’atténuer la fragilité, les conflits et la violence, tout en préservant ces précieuses ressources.
CIWA a récemment appuyé la modélisation des eaux souterraines du bassin du lac Tchad. Ce modèle, bien que préliminaire donne une bonne représentation des aquifères du bassin, qui facilitera l’élaboration de scénarios d’utilisation des eaux à l’avenir. CIWA soutient également l’intégration des nombreuses données disponibles sur les eaux souterraines du bassin du lac Tchad dans une base de données unique, mise à jour régulièrement, en associant un large éventail d’acteurs issus du milieu universitaire, des agences nationales de développement, des administrations des États membres, de la CBLT, etc.
Les résultats de ces travaux novateurs aident à parvenir à une vision commune des ressources en eaux du bassin et à donner à la CBLT les moyens de gérer plus durablement les eaux souterraines et le prélèvement de ses eaux.