Le programme de la Coopération pour les eaux internationales en Afrique publie son rapport annuel 2023
Posté le : 11 décembre 2023 (Blog)
Certains pays d’Afrique subsaharienne souffrent d’un excès d’eau, comme le Soudan du Sud qui arrive septième au classement mondial des risques d’inondation, alors que des pays de la Corne de l’Afrique subissent une sécheresse persistante et intense qui plonge 26 millions de personnes dans une situation d’extrême famine.
Ces phénomènes sont source de profonde insécurité hydrique pour des dizaines de millions d’Africains qui dépendent des rivières, des lacs et des nappes phréatiques pour leur santé et leurs moyens de subsistance. Les chocs climatiques, les troubles économiques et les bouleversements provoqués par les conflits aggravent l’insécurité hydrique sur l’ensemble du continent.
Les possibilités offertes par les ressources en eau de l’Afrique sont pourtant considérables et pourraient contribuer à stimuler sa croissance économique. Voilà précisément ce que le programme de Coopération pour les eaux internationales en Afrique (CIWA) de la Banque mondiale s’est efforcé de faire durant l’exercice qui s’est achevé en juin 2023, comme en témoigne son nouveau rapport annuel 2023 — L’eau ne connait pas de frontières : promouvoir la paix, la durabilité et l’équité en Afrique subsaharienne.
Sachant qu’en Afrique, 90 % de l’eau se déverse dans 63 bassins fluviaux partagés entre plusieurs pays, il est essentiel que ces derniers coopèrent. L’adoption d’approches durables et concertées pour gérer et mettre en valeur ces ressources transfrontalières permet également d’apaiser les tensions géopolitiques liées à la concurrence pour les ressources naturelles et de promouvoir l’adaptation et la résilience face au changement climatique.
L’appui apporté par CIWA aux institutions transfrontalières, notamment aux organismes de bassins fluviaux, et aux pays s’inscrit dans le droit fil de la nouvelle mission de la Banque mondiale, qui consiste à créer un monde sans pauvreté sur une planète vivable. Les projets, la production de connaissances et les investissements de CIWA ont aidé la Banque mondiale à mettre davantage l’accent sur la durabilité, la résilience face aux chocs et l’inclusion afin de mieux promouvoir les biens publics mondiaux.
Renforcer les biens publics régionaux tels que la biodiversité, la résilience, la paix et la stabilité
Les situations de fragilité, de conflits et de violence (FCV) fragilisent les capacités de résilience, entravent les efforts menés pour lutter contre la pauvreté, aggravent la dégradation de l’environnement et affectent plus particulièrement les femmes et d’autres groupes vulnérables. Les conflits armés provoquent des déplacements de population, souvent vers des communautés touchées par l’insécurité hydrique, ce qui peut exacerber les tensions.
CIWA intervient dans quatre régions touchées par des situations de FCV particulièrement complexes : la Corne de l’Afrique, le Sahel occidental et le Sahel central, le lac Tchad et la région des Grands Lacs. Le programme a mis au point un cadre FCV qui lui permet d’identifier les facteurs de fragilité susceptibles de compromettre la coopération dans le domaine de l’eau, de définir des mesures d’atténuation adaptées et de contribuer à la consolidation de la paix et au développement.
CIWA cherche par ailleurs à renforcer la résilience climatique, notamment en mettant l’accent sur le rôle essentiel que peuvent jouer les eaux souterraines pour faire face à la diminution des eaux de surface.
On estime ainsi que les réserves d’eau du Sahel devraient diminuer de près de 70 % d’ici à 2100. Les chocs climatiques pourraient plonger 13,5 millions de Sahéliens supplémentaires dans la pauvreté d’ici 2050 si des mesures d’adaptation climatique ne sont pas prises d’urgence. CIWA a produit des notes thématiques sur les eaux souterraines, et son Initiative sur les eaux souterraines au Sahel a permis de générer des connaissances sur ces ressources et d’en améliorer la gestion.
Les moyens de subsistance des populations, qu’il s’agisse de la pêche, de l’écotourisme ou de la sylviculture, dépendent d’une biodiversité et d’écosystèmes florissants. La biodiversité en Afrique est toutefois menacée : des dizaines de milliers d’espèces animales et végétales disparaissent en raison de la surexploitation des ressources naturelles, du changement climatique et de l’agriculture à grande échelle.
CIWA s’est efforcée de mieux concilier ses projets et son assistance technique avec les objectifs de conservation de la biodiversité. Il a identifié des points de convergence entre la gestion des eaux transfrontalières et la conservation de la biodiversité des eaux douces et a réalisé une évaluation de la biodiversité en vue de l’élaboration de son prochain cadre de référence en la matière.
Poursuivre une approche régionale des eaux partagées
Plus de 40 % des habitants de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique centrale — la région la plus pauvre du monde — vivent en dessous du seuil international de pauvreté, fixé à 1,90 dollar par jour, et un quart de ces pays sont confrontés à des situations de FCV.
CIWA s’est efforcé de combler les lacunes de la région au niveau des connaissances et des capacités liées à la gestion des ressources en eau, de mettre l’accent sur la gestion et la mise en valeur durables des eaux souterraines, et d’identifier les investissements et les actions à mener en la matière. Dans une région caractérisée par les inégalités entre les hommes et les femmes, CIWA s’est attaché à promouvoir une participation plus équitable de ces dernières au processus décisionnel concernant ces ressources.
Onze pays d’Afrique de l’Est se partagent le Nil et son bassin. Chacun d’entre eux a élaboré un plan de développement national ambitieux afin de stimuler la croissance économique et de lutter contre la pauvreté. La région doit également faire face à l’insécurité alimentaire et hydrique, à la montée de la violence et des conflits, ainsi qu’aux effets du changement climatique.
Les projets de CIWA ont contribué à renforcer les capacités de résilience de l’Afrique de l’Est face au changement climatique et ont favorisé le dialogue entre les pays riverains et la diplomatie de l’eau.
CIWA s’efforce d’atténuer les effets en cascade de la pire sécheresse qui se soit abattue en quarante ans sur la Corne de l’Afrique, provoquant le déplacement de millions de personnes en Éthiopie et en Somalie. Il s’est notamment employé à renforcer les connaissances sur les eaux souterraines, l’accès à ces ressources et à en améliorer la gestion, ainsi qu’à mettre en place des initiatives régionales visant à renforcer les capacités de résilience de la région.
L’Afrique australe doit également faire face à une période de sécheresse prolongée. CIWA s’est efforcée de renforcer la résilience de la région en tentant de réduire les risques de sécheresse transfrontaliers et en encourageant la gestion concertée des eaux partagées. L’initiative pour la résilience de l’Afrique australe face à la sécheresse, par exemple, a permis de renforcer les capacités de résilience de la région en instaurant des mécanismes dynamiques permettant de surmonter les effets du changement climatique et les chocs économiques correspondants.
Promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes, améliorer la qualité des données et communiquer sur les avantages de la coopération
L’année passée, CIWA a lancé le Forum des champions masculins, un projet novateur dans le cadre duquel des hommes partisans de l’égalité des sexes se sont engagés à encourager d’autres hommes à instaurer des espaces plus équitables pour la participation des femmes à la gestion de l’eau.
Le projet de Révolution des données sur l’eau a permis de renforcer les capacités et de fournir des outils d’analyse de données gratuits ou peu coûteux aux institutions confrontées à des problèmes d’information dans le cadre de la gestion des eaux transfrontalières.
Enfin, les efforts de communication de CIWA ont permis de sensibiliser le public à une gestion des eaux transfrontalières plus durable, fondée sur des données et basée sur la collaboration.
CIWA entend étendre son action à l’ensemble du continent, en répondant à la demande des pays et des institutions régionales qui souhaitent améliorer la gestion de leurs eaux partagées afin de stimuler le développement et la croissance économique et de promouvoir la paix et la stabilité.
Télécharger le rapport en anglais :