Que faut-il pour réduire les risques d'inondation et de sécheresse et renforcer la résilience climatique en Afrique de l'Est ?
Posté le : 21 septembre 2021 (Blog)
Dans les années 80, l’enfant passionné de sciences que j’étais rêvait d’un monde futuriste regorgeant de technologies innovantes et révolutionnaires. De fait, certaines ont vu le jour : Internet, les téléphones portables et même les voyages dans l’espace pour les particuliers. Nous faisons toutefois face aujourd’hui au changement climatique, autre évolution imprévue (et indésirable) qui fait désormais partie de notre vie : le réchauffement de la planète s’accélère. Ce phénomène continue d’intensifier le cycle hydrologique mondial, c’est-à-dire la circulation continue de l’eau sur la Terre et dans l’atmosphère, et se traduit par par des changements dans le régime de précipitations, des inondations, mais également par des sécheresses.
Multiplication des inondations et des sécheresses dévastatrices
Les effets du changement climatique sont particulièrement importants en Afrique subsaharienne.Les onze pays du bassin du Nil — c’est-à-dire le territoire où toutes les eaux finissent par s’écouler dans le fleuve — sont confrontés à une hausse des températures maximales et à une fluctuation des précipitations Partager sur X qui contribuent à l’augmentation des catastrophes naturelles qui ont durement touché de nombreuses populations :- La sécheresse qui a sévi dans la Corne de l’Afrique en 2010-2011 a touché des millions d’êtres humains et provoqué une famine qui a coûté la vie à plus de 260 000 personnes en Somalie et dans les pays voisins.
- La sécheresse persistante imputable au phénomène El Niño de 2015-16 est à l’origine de la grave insécurité alimentaire dont souffrent 10 millions de personnes en Éthiopie.
- L’Afrique de l’Est, située en grande partie dans le bassin du Nil, a subi des inondations catastrophiques en 2019 et 2020, qui ont touché respectivement 4 et 6 millions de personnes.
Si les statistiques sur les dommages causés par ces catastrophes ne sont pas expressément établies à l’échelle du bassin du Nil, il est évident que celui-ci est sujet à la fois aux inondations et aux sécheresses.
Les inondations et les épisodes de sécheresse bouleversent également les cycles des cultures, ainsi que l’élevage du bétail, et provoquent ainsi des cercles vicieux et prolongés de pauvreté. Partager sur XLa plupart des agriculteurs que j’ai rencontrés durant mon enquête au Soudan déploient des efforts considérables pour arroser leurs cultures, mais aussi protéger leurs terres d’inondations.
Les inondations et les sécheresses qui se produisent dans le bassin du Nil sont de portée régionale et transfrontalières. La plupart des épisodes de sécheresse touchent plusieurs pays à la fois. Les pluies torrentielles conjuguent leurs effets et provoquent des inondations qui se propagent aux delà des frontières.
Atténuer les effets dévastateurs des inondations et des sécheresses grâce à une coopération régionale dynamique
Le renforcement de la résilience climatique des pays du bassin du Nil passe par la poursuite d’une action régionale pour mieux anticiper les inondations et les sécheresses, Partager sur Xainsi que par un renforcement des capacités pour planifier et mettre en œuvre des mesures visant à atténuer ces risques lourds de conséquences. C’est dans cette optique que le projet de coopération pour la résilience climatique dans le bassin du Nil (NCCR) de la Banque mondiale soutient les efforts déployés par les organisations régionales pour mettre en place des systèmes de prévision des inondations et des sécheresses à l’échelle du bassin, et accompagne les autorités nationales dans la planification des investissements visant à atténuer les risques d’inondation et de sécheresse. Ce projet est financé par le programme de Coopération pour les eaux internationales en Afrique (CIWA), fonds fiduciaire multidonateurs qui propose un soutien technique et des analyses à l’appui d’une gestion efficace des ressources en eau transfrontalières.
L’Initiative du bassin du Nil (IBN), partenariat forgé par les pays du bassin du Nil ayant pour objectif la mise en valeur et la gestion durables et concertées du Nil, joue un rôle stratégique en fournissant des services d’information perfectionnés comme la prévision des inondations et des sécheresses à ses pays membres. Ces travaux s’appuient sur le projet mené précédemment par la Banque mondiale dans le but de soutenir l’IBN par l’intermédiaire de CIWA, qui a contribué à améliorer le système de prévision et d’annonce précoce de crues du Bureau technique régional du Nil oriental (ENTRO) de l’IBN. Ce programme a par ailleurs permis de mettre à l’essai un tableau de bord en ligne pour la prévision des épisodes de sécheresse dans les pays du Nil oriental. Le système amélioré de prévision des crues et d’annonce précoce de crues a contribué de manière déterminante à prévoir les débits du Nil observés lors des crues historiques de 2020 au Soudan. Depuis 2021, ce tableau de bord pilote permet de diffuser des bulletins de prévision d’épisodes de sécheresse aux points focaux nationaux. Les deux tableaux de bord en ligne sont en passe d’être intégrés au nouveau portail d’information intégré (Integrated Knowledge Portal) qui centralise les services statistiques de l’IBN.
Renforcer la mobilisation régionale et communautaire
Le projet de Coopération à l’échelle du bassin du Nil pour la résilience climatique (NCCR) vise également à améliorer les mécanismes de diffusion de l’information. En partenariat avec le Discours du Bassin du Nil (NBD), organisation de la société civile dotée d’un vaste réseau de terrain, ce projet permettra d’élaborer une stratégie globale de communication d’informations sur les inondations et les sécheresses en identifiant le type de renseignements nécessaires sur le terrain et les canaux de communication requis aux différents niveaux communautaires. La stratégie de diffusion permettra de mettre la touche finale au système de prévision des inondations et des sécheresses de l’IBN.
« Le projet aidera les pays du bassin du Nil à se préparer et à s’adapter aux phénomènes climatiques qui touchent de manière disproportionnée les populations pauvres et à risque vivant dans le bassin du Nil et ses environs, afin qu’elles puissent jouir d’un plus grand sentiment de bien-être, de sécurité et de résilience. »
Erwin De Nys, Responsable du Programme CIWA
À l’avenir, le service d’information régional proposé par l’IBN devrait permettre d’exploiter les synergies avec les nombreux investissements en cours et prévus concernant le secteur agricole, l’amélioration des moyens de subsistance ou d’autres domaines. En outre, les programmes de partage des connaissances et de renforcement des capacités menés par l’IBN permettront d’instaurer un climat de confiance et de renforcer la collaboration des pays du bassin du Nil. J’en suis très heureux, bien plus encore que lorsque j’ai appris l’arrivée sur le marché de voitures électriques.