Gestion des ressources en eau souterraine : réduire les inégalités de genre en Namibie   

Posté le : 20 novembre 2024

Alina Kadhila, hydrogéologue à la Namibia Water Corporation, manipule une foreuse rotative à boue. Crédit photo : SADC-GMI

Une question brûlante se pose régulièrement dans le domaine de la gestion des ressources en eaux souterraines : donnons-nous véritablement aux femmes les moyens et les opportunités dont elles ont besoin pour s'épanouir, ou cherchons-nous seulement à réduire les inégalités et les discriminations dont elles font l'objet sans nous attaquer à leurs causes profondes ? Si des progrès en direction de l'égalité entre les hommes et les femmes sont réalisés dans de nombreux secteurs, y compris dans celui des sciences et de la technologie, la sous-représentation des femmes dans les métiers liés à la gestion des eaux souterraines reste alarmante.

Bien que des mesures aient été prises depuis quelques années pour réduire les disparités entre les hommes et les femmes, les statistiques montrent que celles-ci peinent encore à trouver un emploi dans le domaine de la gestion des eaux souterraines et à y faire carrière. Bien que les femmes disposent, au même titre que les hommes, des capacités et du potentiel requis, les obstacles systémiques tels que les possibilités d'évolution de carrière restreintes et les préjugés sexistes omniprésents les empêchent de contribuer pleinement à ce domaine. Les femmes qui travaillent dans le secteur des eaux souterraines doivent non seulement surmonter ces obstacles structurels, mais aussi lutter contre des normes culturelles et des stéréotypes qui renforcent l'idée selon laquelle les secteurs scientifiques et techniques sont réservés aux hommes. 

On estime ainsi souvent que les tâches plus légères conviennent davantage aux femmes, tandis que les hommes sont mieux en mesure d'accomplir des activités plus exigeantes sur le plan physique, telles que les travaux de forage ou d'ingénierie. Les femmes qui parviennent à se faire embaucher dans ce secteur éprouvent en outre des difficultés à être reconnues et respectées pour leur autorité et leurs compétences. Certains hommes refusent parfois de suivre les directives données par des femmes, qu'ils estiment moins faire autorité du seul fait de leur genre. Ces réticences sapent non seulement les contributions des femmes, mais perpétuent également les idées selon lesquelles les femmes ne sont pas en mesure d'occuper des postes à responsabilité ou de prendre des décisions.

Revenant sur son expérience professionnelle, Alina Kadhila, hydrogéologue à la Namibia Water Corporation, note que " si l'importance de la diversité des genres est à présent mieux acceptée, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir ". Les normes sociétales et les croyances culturelles entravent les nombreux efforts déployés pour promouvoir l'égalité entre les hommes et les femmes. Des stéréotypes bien ancrés entretiennent l'idée selon laquelle certaines professions restent intrinsèquement l'apanage des hommes. " Si nous voulons vraiment nous attaquer à ces problèmes ", affirmer Alina Kadhila, " nous devons remettre en question les stéréotypes, démonter les préjugés systémiques et tracer des parcours qui permettront aux femmes de s'épanouir. "  

Le Plan d'action stratégique mis en place par l'OKACOM avec l'appui de divers partenaires, dont le programme de Coopération pour les eaux internationales en Afrique (CIWA), est le principal instrument utilisé en vue d'atteindre ces objectifs. L'OKACOM poursuit sa stratégie d'intégration de la dimension de genre et son plan de mise en œuvre en prenant des mesures concrètes visant à promouvoir l'égalité de genre et l'autonomisation des femmes et d'autres groupes de population vulnérables.

Phera Ramoeli, secrétaire exécutif de la Commission permanente des eaux du bassin de l'Okavango (OKACOM), partage le point de vue de Kadhila, et insiste sur la nécessité d'adopter une stratégie intégrée pour promouvoir l'égalité de genre. " L'égalité de genre ne consiste pas à promouvoir les intérêts d'un groupe au détriment d'un autre ", insiste-t-il. " Il s'agit surtout de donner à tous les mêmes chances de réussite ". Ramoeli milite en faveur de l'autonomisation des filles et des garçons, d'une culture inclusive qui transcende les normes traditionnelles liées au genre. 

Il insiste également sur l'importance de reconnaître le rôle de la diversité dans le secteur des eaux souterraines. " La prise en compte de perspectives multiples favorise l'innovation et le progrès ", affirme-t-il. Les organisations qui encouragent la diversité de genre ont accès à un plus large vivier de talents, ce qui leur permet de résoudre des problèmes de manière plus créative et d'apporter des solutions durables à des défis complexes. Il est encourageant de constater que la prise de conscience des avantages de la diversité motive la création d'environnements inclusifs dans lesquels tous les individus, hommes et femmes, peuvent s'épanouir. 

Il est nécessaire de procéder à des changements fondamentaux et d'adopter des stratégies multidimensionnelles pour lutter contre les normes sociétales et les croyances culturelles qui perpétuent les disparités entre les hommes et les femmes. Il s'agit, dans le domaine des eaux souterraines, de modifier les perceptions en proposant des programmes d'enseignement de l'hydrogéologie tenant compte de la dimension de genre, susceptibles d'éliminer les stéréotypes et de promouvoir l'inclusivité en amont.

L'égalité de genre ne se limite pas à réduire les inégalités entre les sexes ; elle vise à favoriser un écosystème professionnel dans lequel le genre n'est pas un obstacle à la réussite. Il est essentiel de s'attaquer de manière proactive aux préjugés, de promouvoir le mentorat et de valoriser les contributions des femmes tout autant que celles des hommes. Ce n'est qu'à cette condition que nous pourrons véritablement donner aux femmes des moyens de réussir et d'instaurer une réalité caractérisée par l'égalité.

 

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