L'initiative Champions masculins pour l’autonomisation des femmes: qui peut décider ?

Posté le : 14 novembre 2023

 

Qui peut décider ?

Toutes les personnes présentes connaissaient la réponse : les hommes.

 

« Les femmes sont considérées comme de simples exécutantes » explique Donald Kasongi, chercheur et analyste politique tanzanien qui s’emploie depuis des années à promouvoir l’intégration de la dimension de genre dans la gestion des ressources en eau transfrontalières, dont huit ans en tant que secrétaire général du Discours du bassin du Nil, qui est soutenu par CIWA.

M. Kasongi a participé à l’atelier virtuel du Champions masculins pour l’autonomisation des femmes organisé en juin 2023 par CIWA dans le cadre des efforts déployés par le programme pour faciliter la prise en compte de la dimension de genre dans la gestion des ressources en eau. Les participants avaient été choisis en raison de leur détermination à promouvoir l’égalité de genre et de leur expérience dans ce domaine.

Ce programme pilote a été conçu par CIWA de manière à encourager un groupe d’hommes à faire évoluer les normes et les valeurs sociales liées au genre dans le contexte de la gestion et la mise en valeur des eaux transfrontalières, qui est un secteur dominé par les hommes et fortement influencé par des normes et des valeurs patriarcales.

CIWA est convaincu que mobiliser les hommes permettra de réaliser des changements en profondeur et que travailler directement avec des hommes visionnaires peut aider à surmonter la résistance manifestée par certains à l’attribution de rôles égaux aux femmes.

« Le problème », selon Assefa Gudina, point focal pour les questions de genre à ENTRO, est celui de la « représentation des femmes » dans le secteur de l’eau.

 

 

Dereje Gebremichael partage cet avis. « Le secteur de l’eau est dominé par les hommes. Tout commence par l’attitude des responsables (masculins) des organismes de bassin », explique ce responsable de l’acquisition de financements et de la planification pour EOC-DICAC, (Ethiopian Orthodox Church Development and Inter-church Aid Commission), qui travaillait auparavant pour le ministère éthiopien de l’Eau et de l’Énergie.

Les normes culturelles et sociales patriarcales renforcent le stéréotype selon lequel les femmes sont de simples utilisatrices de l’eau et non des personnes pouvant décider en toute autonomie de l’utilisation et de la gestion de cette ressource.

Les Champions masculins pour l’autonomisation des femmes de CIWA poursuit les objectifs suivants :

  • Faire mieux prendre conscience de l’importance du rôle que les hommes peuvent jouer dans la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes dans le domaine des eaux transfrontalières.
  • Identifier les mesures et les initiatives que les champions masculins peuvent prendre pour favoriser cette égalité au sein des institutions chargées de la gestion des eaux transfrontalières.
  • Donner l’occasion aux champions masculins de prendre des initiatives individuelles et collectives pour donner aux femmes des possibilités de jouer un rôle plus important dans les processus décisionnels des institutions chargées de la gestion des ressources en eau transfrontalière.
  • Renforcer la participation des femmes dans les processus de décisions.

Selon M. Gudina, pour assurer leur représentation, il est nécessaire d’accroître la proportion de femmes dans les programmes d’enseignement de la gestion des ressources en eau. M. Gudina estime également qu’il faut renforcer le réseau professionnel transfrontalier de l’eau pour permettre aux femmes de faire carrière.

Les hommes ont expliqué pourquoi ils avaient décidé de rejoindre l’initiative Champions masculins pour l’autonomisation des femmes.

M. Gebremichael reconnaît franchement que la promotion de l’égalité de genre présente certains avantages pour les hommes.

« Je veux participer à l’initiative Champions masculins pour l’autonomisation des femmes pour renforcer l’autonomie des femmes au travail. Elles m’aideront dans mon travail et mes projets. »

Selon M. Gebremichael, l’égalité de genre renforce les communautés. « Celles-ci rendent toujours les hommes responsables de tout », explique-t-il. « Si je me fais le champion masculin de la justice entre les sexes, cela renforce la communauté. Alors, donnons aux hommes les moyens d’œuvrer en faveur de l’égalité de genre. »

Daniel Asrat, consultant en suivi et évaluation au ministère éthiopien de l’Eau et de l’Énergie, déclare que : « en tant que champion masculin, je représente mes trois filles. Je représente ma femme. Je représente mes sœurs et mes voisines ».

Les participants à l’atelier sont convenus des prochaines étapes, notamment la tenue de réunions mensuelles, l’élaboration d’un plan d’action pour cette initiative, le lancement d’une plateforme de médias sociaux et l’élargissement du réseau.

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