De quelle manière les hommes peuvent-ils soutenir les femmes ?

Posté le : 28 octobre 2024

Temps forts du séminaire en ligne organisé par Women in Water Diplomacy Network
et le programme des Champions masculins pour l’autonomisation des femmes de CIWA

« L’intégration des femmes ne se fera pas toute seule : il faut une action délibérée » tel est le constat de Zodwa Dlamini. Cette spécialiste internationale en gestion des eaux transfrontalières est intervenue aux côtés de deux autres orateurs avant que ne soient engagées des discussions en petits groupes dans le cadre d’un séminaire d’échange interactif en ligne organisé conjointement par le programme des Champions masculins pour l’autonomisation des femmes du programme de Coopération pour les eaux internationales en Afrique (CIWA) et Women in Water Diplomacy Network (WWDN).

La mise en œuvre d’une démarche tenant compte des questions de genre s’inscrit dans la stratégie transformatrice adoptée par CIWA pour promouvoir la parité femmes-hommes et l’inclusion sociale. Toutes deux exhortent en effet hommes et femmes à agir conjointement dans le cadre de mesures collectives qui favoriseront des rapports plus égalitaires entre hommes et femmes et remettront en cause les normes patriarcales profondément ancrées.

Les stratégies intégrant la dimension de genre passent également par l’adoption d’initiatives en faveur de l’égalité des chances concentrées sur les difficultés spécifiques que rencontrent les femmes et d’autres groupes de population vulnérables. Elles s’inscrivent dans le droit fil du mandat du programme des Champions masculins pour l’autonomisation des femmes. CIWA a lancé ce programme en juin 2023 pour permettre aux hommes convaincus par la nécessité d’autonomisation des femmes de contribuer à la lutte contre les inégalités qui empêchent celles-ci de jouer un rôle de premier plan et de participer à la prise de décisions dans le secteur des eaux transfrontalières.

S’associer à Women in Water Diplomacy Network pour intégrer une démarche innovante

Les efforts déployés par CIWA pour promouvoir l’autonomisation des femmes ont montré que travailler dans un domaine où les hommes prédominent implique parfois de se heurter à leurs réticences à perdre leur pouvoir. CIWA a donc proposé au WWDN de collaborer à cet événement en raison des efforts qu’il déploie depuis longtemps pour renforcer les capacités collectives des femmes et promouvoir la participation aux processus de prise de décision et d’instauration de la paix des femmes jouant un rôle de premier plan dans le secteur de l’eau. Le programme des Champions masculins pour l’autonomisation des femmes part du postulat que les hommes sont généralement les mieux placés pour influencer les autres hommes travaillant dans le secteur de l’eau. Il a donc été conçu comme un outil de plaidoyer pour les hommes désireux de promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes et le leadership de ces dernières dans le cadre d’actions individuelles ou collectives de nature à lever les réticences masculines au partage du pouvoir.

Cet événement en ligne (cliquez ici pour consulter la retransmission intégrale de l’événement) marque le début d’une série de mesures souhaitées par les membres du programme « Champions masculins » pour faciliter le partage de connaissances et l’identification de mesures concrètes qu’ils pourraient adopter en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes. Cet événement participatif a également été l’occasion pour les 56 hommes et femmes originaires de plus de 40 pays de se familiariser avec d’autres cultures. L’organisation de petits groupes de discussion a permis aux participantes de parler librement avec leurs homologues masculins des obstacles qu’elles doivent surmonter pour travailler dans des environnements dont elles sont souvent exclues. Elles ont fait part des difficultés rencontrées, notamment pour s’adapter à des normes culturelles qui favorisent les hommes et freinent l’affirmation des femmes, le manque de volonté pour concrétiser les engagements pris et l’absence de responsabilisation. Elles ont également mentionné l’absence de services de garde d’enfants et la préférence des recruteurs pour des profils de formations à prédominance masculine, comme les formations d’ingénieurs.

Capture d’écran des participants à l’événement du 17 septembre 2024.

Une femme a évoqué son exclusion de la « confrérie », qui permet aux hommes de se retrouver et de se soutenir mutuellement pour faciliter leur évolution de carrière dans le secteur de l’eau. Une autre femme est intervenue pour expliquer qu’elle n’avait pas pu, pour des raisons culturelles, travailler sur le terrain avec les étudiants en gestion de l’eau de l’université agricole de Peshawar, (Pakistan), alors qu’elle était la première femme à obtenir un diplôme. Son expérience s’est toutefois terminée sur une note positive, puisque des mesures ont été prises pour remédier à ce blocage grâce à un travail de sensibilisation auprès de ses homologues masculins afin qu’ils l’acceptent et la protègent sur le terrain. Elle a ainsi pu poursuivre son doctorat et travailler comme professeure dans le cadre du programme de gestion de l’eau. 

Propositions d’actions novatrices pouvant être menées par les hommes pour promouvoir l’autonomisation des femmes

La liste des défis à relever n’a pas découragé les participants à ces différents groupes. La deuxième partie de ces discussions en petits groupes a donné lieu à des propositions novatrices sur les actions pouvant être entreprises par les hommes en faveur de l’autonomisation des femmes. Ils ont notamment évoqué la promotion d’une « culture de la bienveillance » dans laquelle l’empathie devient la norme, la définition et la reconnaissance du rôle que les hommes pouvaient jouer en tant que modèles et mentors, et les enseignements à tirer des réalisations accomplies par des femmes dans d’autres secteurs à prédominance masculine. Un groupe a préconisé d’adopter une démarche consistant à « s’allier pour progresser », en vertu de laquelle les hommes pourraient aider les femmes à surmonter les difficultés qu’elles rencontrent dans le secteur de l’eau. Le groupe a précisé qu’il pourrait s’agir de mettre en place un système de mentorat ciblé dans des environnements largement dominés par les hommes ce qui permettrait aux femmes de se sentir pleinement intégrées parmi les hommes et de faire disparaître la distinction entre les genres dans un environnement ainsi transformé.

Les commentaires recueillis à la fin de la session, ainsi que les résultats de l’enquête adressée aux participants confirment que ceux-ci ont jugé pertinent et adapté à leur environnement professionnel. Ce séminaire a également permis de mieux cerner les difficultés rencontrées par les femmes pour exercer des responsabilités dans un contexte transfrontalier. Mais il a surtout été perçu par les hommes et les femmes comme une source d’inspiration sur la manière de recruter et d’impliquer les hommes en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes. Le programme des Champions masculins pour l’autonomisation des femmes entend poursuivre la collecte d’informations sur les difficultés rencontrées dans ce domaine et sur les solutions envisageables, le 30 octobre, à l’occasion du symposium Waternet qui se tiendra au Lesotho. (Voir poster ci-dessous)

Cliquez ici si vous souhaitez participer au programme ou connaissez quelqu’un susceptible de l’être.

Nous remercions tout particulièrement Phera Ramoeli, Zodwa Dlamini et Donald Kasongi pour leurs contributions, ainsi que Gulzhan Makhmudova, Bethlehem Mengistu et Alexandra Said pour leur contribution aux discussions de groupe. Un grand merci à l’équipe organisatrice, notamment Elizabeth A. Koch, Jesse Ferraioli, Ellen Hagerman, Anders Jägerskog et Charles Gilman.

Le rapport de suivi de la session est maintenant disponible sur le site web de CIWA.

Cliquez ici pour consulter la retransmission intégrale de l’événement.

© | Cooperation in International Waters in Africa
fr_FR