DES LOGEMENTS VERTS AU SERVICE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE : promouvoir LA RÉSILIENCE FACE AU CHANGEMENT CLIMATIQUE DANS LES BIDONVILLES DE KAMPALA (OUGANDA)

Posté le : 14 septembre 2022

Le Discours du bassin du Nil (NBD) a organisé, avec le concours du programme CIWA, une formation visant à faire des femmes et des jeunes des champions de la résilience face au changement climatique. Cette formation, organisée en 2021, a eu un impact considérable. Asia Namusoke, qui a pu en bénéficier, nous fait part de son expérience. Ce qu’elle a appris l’a incitée à lancer une série de petites initiatives ingénieuses qui transforment la vie des ménages, et plus particulièrement celle des femmes et des jeunes de son bidonville, à Kampala (Ouganda).

J’ai suivi la formation organisée en septembre 2021 par le Discours du bassin du Nil (NBD) afin de devenir une championne de la résilience face au changement climatique et je suis fière de promouvoir la lutte contre le changement climatique et la mise en place de logements verts au service du développement durable. Cette formation m’a encouragée à mettre en place une série de petites initiatives ingénieuses susceptibles de transformer la vie des ménages, et plus particulièrement celle des femmes et des jeunes de mon bidonville qui se trouve, dans la circonscription administrative de Ndejje (Kampala). J’avais bien convaincu les formateurs que leur enseignement m’aiderait à concevoir un programme communautaire pour les jeunes et les femmes vulnérables vivant avec le VIH/sida dans ma communauté, mais je ne savais pas comment m’y prendre. La visite du centre agricole Kyanja de KCCA (Kampala Capital City Authority) effectuée dans le cadre de ma formation a été déterminante. L’autonomisation des communautés grâce à la transmission de compétences pratiques en agriculture durable a été, pour moi, une source d’inspiration.

J’ai été mise au défi de réfléchir au concept du logement vert au service du développement durable. Celui-ci consiste à utiliser la protection de l’environnement pour mettre en place des conditions propices à l’autonomisation socio-économique et, ce faisant, lutter contre la faim, la pauvreté et les problèmes de santé mentale chez les femmes et les jeunes des bidonvilles. Pour y parvenir, j’ai monté un projet témoin, générateur de revenus et respectueux de l’environnement qui comportait les activités suivantes : mise en place d’un potager urbain pour la culture de légumes et d’épices ; élevage de lapins ; apiculture ; création d’un centre de recyclage des déchets ; et élevage de mouches soldats noires comme autre source de protéines animales et d’engrais pour des cultures à haute valeur ajoutée. Cette ferme témoin urbaine a pour objet d’améliorer les conditions de vie des femmes et des jeunes dans les communautés environnantes, tout en contribuant à la réalisation de plusieurs objectifs de développement durable (ODD) au niveau local. Nous partons du principe que les 17 ODD sont liés : les mesures prises dans un domaine entraînent des répercussions sur les autres, et le développement doit assurer un équilibre entre la viabilité sociale, économique et environnementale.

Cette initiative est conçue de manière à concilier les objectifs thérapeutiques et les objectifs de rentabilité, qui sont les deux piliers essentiels de notre projet générateur de revenus. Les membres de la population locale sont recrutés pour assurer la collecte des déchets, la gestion du projet, le marketing et les ventes, et reçoivent de l’aide pour lancer des activités économiques en lien avec le projet dans leurs foyers et leurs communautés. Cela leur permet de rester actifs, de gagner leur vie, d’acquérir des compétences et de contribuer aux efforts déployés pour lutter contre le changement climatique et la dégradation de l’environnement, mais aussi de bénéficier des soins de santé mentale de qualité dispensés par PINA Uganda (People In Need Agency), que j’ai fondée il y a plusieurs années. PINA Uganda est convaincu que les pauvres ont un rôle important à jouer dans l’amélioration de leurs conditions de vie et que leur participation ne constitue pas seulement un droit, mais qu’elle contribue en outre à accroître l’efficacité de nos projets. En 4 mois, nous avons eu un impact direct sur 6 familles et touché de manière indirecte plus de 30 familles au sein de la communauté ciblée.

Cette initiative vise à répondre aux préoccupations quotidiennes auxquelles sont confrontées les jeunes et les femmes et qui les prédisposent à développer des maladies mentales. Il s’agit principalement de la pauvreté et de la faim, en particulier dans les bidonvilles. Nous tentons de remédier à cette situation en créant des activités génératrices de revenus/emplois verts pour lutter contre la vulnérabilité, la faim, la dégradation de l’environnement et les catastrophes sanitaires, et pour améliorer les revenus et les perspectives de ces populations. Ainsi, les bénéficiaires du programme peuvent garder espoir. Les membres de la communauté tirent également des revenus de la vente de leurs produits agricoles.

Voici quelques-unes des activités que nous mettons en œuvre ;

  • Jardins témoins pour la culture de légumes/épices/fleurs/fruits Ces jardins permettent de présenter certaines techniques de jardinage et offrent aux agriculteurs une formation pratique à l’agriculture durable. Les sommes dégagées par la vente des produits de ces jardins sont utilisées pour financer de nouvelles activités.
  • Formation à l’élevage des lapins Les avantages tirés de l’élevage de lapins sont nombreux : nous vendons leur urine, utilisée par de nombreux agriculteurs comme insecticide, leurs excréments comme fumier pour amender les sols, et leur viande qui est de plus en plus demandée et est un mets de choix proposé par de nombreux hôtels et restaurants. Il faut compter 70 jours d’élevage pour qu’un lapin atteigne un poids de 3 à 10 kg et puisse être vendu. Les déjections de ces animaux servent aussi à produire des larves de mouches soldats noires. Ces dernières constituent une source de protéines de première qualité utilisées pour l’alimentation d’autres animaux vivants dans le même écosystème, comme la volaille.
  • Formation à l’apiculture Nous élevons des abeilles qui pollinisent les fleurs, les fruits et les légumes et produisent du miel et de la cire dont la vente est source de revenus qui aident les familles à subvenir à leurs besoins, notamment dans le domaine de la santé.
  • Formation au recyclage et à la valorisation des déchets organiques Cette innovation vise à améliorer la gestion des déchets solides et à monter des projets générateurs de revenus en utilisant les déchets solides qui, autrement, auraient été jetés. Plus précisément, nous faisons prendre conscience à la communauté de l’importance du tri des déchets solides au point de production, du recyclage et de la réutilisation des déchets minéraux, ainsi que des mesures pouvant renforcer leur résilience en donnant lieu à la poursuite de projets générateurs de revenus permettant de valoriser les déchets, comme l’élevage de vermine.

Principales recommandations à l’appui du projet de développement du programme NBD/UNDF :

Nous participons au projet pilote des villes vertes du bassin du Nil (Nile Basin Green Pilot Cities Project), qui s’inscrit dans le droit fil du projet réalisé par le NBD-CIWA-Banque mondiale dans le cadre duquel nous avons suivi une formation de champion de la résilience face au changement climatique dans tout le pays. Nous avons commencé à mettre en application ces pratiques de référence pour mobiliser des groupes de femmes et de jeunes dans quatre villes d’Ouganda : Jinja, Fort portal, Gulu et Masaka. Notre objectif est d’établir, dans chacune de ces villes, des villages modèles et de démonstration suivant le concept des logements verts au service du développement durable. Nous sommes fiers de participer au projet de collecte de données et de profilage réalisé par la faculté de santé publique de l’Université de Makerere. Ce projet nous permettra de disposer des ressources dont nous avons besoin pour nous développer et communiquer efficacement auprès des partenaires que nous souhaitons toucher.

  • PINA Uganda est une organisation à but non lucratif fondée en 2008. Elle intervient auprès des enfants vulnérables, notamment les victimes de violences sexuelles et les enfants vivant avec le VIH/sida, afin d’améliorer leurs conditions de vie et de les former pour qu’ils deviennent des défenseurs de la justice sociale et des modèles dans leurs communautés. PINA est membre du Discours du bassin du Nil (NBD) et est directement associé à UNDF (Uganda Nile Discourse Forum).
Namusoke Asia, People in Need Agency ; membre d’UNDF
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