Le rapport annuel 2024 est maintenant disponible en anglais !
Posté le : 13 décembre 2024 (Blog)
Le rapport annuel 2024 est disponible en version flipbook.
Au cours de l’exercice allant de juillet 2023 à juin 2024, le programme de Coopération pour les eaux internationales en Afrique (CIWA) s’est employé sans relâche et avec succès à relever les défis de plus en plus nombreux posés notamment par le changement climatique, les conflits et l’instabilité en Afrique subsaharienne.
Cette période a été marquée par une guerre civile au Soudan, un coup d’État au Niger ainsi que des conflits dans la Corne de l’Afrique. Cette dernière région a aussi subi, après plusieurs années de sécheresse sans précédent et d’invasions de criquets pèlerins, des inondations qui ont aggravé l’insécurité alimentaire. Les eaux du lac Victoria, qui ont atteint un niveau inégalé depuis 128 ans, ont tellement monté que la région se prépare à faire face à des débordements du Nil au Soudan du Sud. Jusqu’à 3 millions de Soudanais du Sud pourraient avoir besoin d’une aide humanitaire si les États ne collaborent pas à l’établissement d’accords sur les lâchers d’eau des barrages dans les pays situés en amont et à la communication d’avertissements précoces.
Les efforts déployés par CIWA pour promouvoir la coopération sur les eaux transfrontalières dans les pays du bassin du Nil ont jeté les bases d’une collaboration visant à réduire dans toute la mesure du possible les effets d’inondations catastrophiques. Les activités menées par le programme dans la région du Nil, dans la Corne de l’Afrique, en Afrique occidentale et centrale et en Afrique australe sont décrites en détail dans son rapport annuel 2024 : promouvoir une gestion durable, inclusive et efficace des ressources en eau transfrontalières en Afrique.
Les ressources en eau, qui sont pour la plupart transfrontalières en Afrique subsaharienne, revêtent une importance vitale pour les populations, les écosystèmes et les économies de la région. Il ne sera pas possible de lutter contre la pauvreté et de parvenir à une prospérité partagée sans garantir la sécurité de l’eau, des écosystèmes et de l’alimentation.
Nouvelles initiatives
Le rapport annuel montre comment CIWA a donné suite à l’une des recommandations issues de son analyse des opportunités d’investissements multisectoriels concernant le bassin du fleuve Cubango-Okavango pour lancer un programme visant à promouvoir des moyens de subsistance résilients (Resilient Livelihoods Enhancement Program) et s’attaquer aux causes sous-jacentes de la pauvreté, qui apportera des éléments utiles à la poursuite d’initiatives à plus long terme. Les investissements proposés dans le cadre de ce programme, qui privilégieront les populations pauvres, viseront à accroître les avantages procurés aux communautés tout en rétablissant et en préservant l’intégrité de la biodiversité du bassin.
CIWA a également lancé une initiative d’assistance technique pour les pêcheries transfrontalières du lac Kariba (Lake Kariba Transboundary Fisheries). L’abaissement spectaculaire du niveau des eaux de ce lac à la suite des épisodes de sécheresse survenus dans le bassin du Zambèze a affecté les populations tributaires de ce dernier pour leur nourriture et leurs moyens de subsistance. La Zambie et le Zimbabwe tirent respectivement 35 % et 90 % de leur production piscicole de ce lac. La baisse du niveau de ses eaux s’est traduite par une réduction des zones d’habitat et de reproduction de nombreuses espèces aquatiques et, donc, par des prises très faibles pour les pêcheurs. Les différences entre les politiques et les pratiques halieutiques des deux pays ont en outre des répercussions sur la quantité de poissons dans le lac et sont source de tensions.
La nouvelle assistance technique de CIWA repose sur une approche participative fondée sur des données probantes. Elle vise à évaluer les répercussions socio-économiques de la diminution des stocks halieutiques et l’impact du changement climatique sur les populations locales, ainsi qu’à promouvoir la participation des parties prenantes à la conservation et à la gestion des pêcheries transfrontalières.
CIWA mène une initiative de renforcement des organismes de bassins transfrontaliers grâce à l’élaboration de programmes et à l’accroissement des capacités en Afrique (Strengthening Transboundary River Basin Organizations through Program Development and Capacity Building in Africa), ainsi qu’un programme de soutien à la gestion des eaux transfrontalières au Soudan du Sud (Programme de soutien aux eaux transfrontalières du Sud-Soudan), à l’appui de la série de projets du Programme régional de résilience climatique pour l’Afrique orientale et australe (Programme régional de résilience climatique pour l'Afrique orientale et australe Série de projets) de la Banque mondiale, qui a pour but d’accroître la résilience face aux chocs climatiques liés à l’eau. Le programme de soutien à la gestion des eaux transfrontalières au Soudan du Sud donnera lieu à la fourniture d’un appui en vue de la poursuite d’un examen approfondi des risques climatiques et de la gestion des ressources en eau dans les zones d’accueil de réfugiés et de la conception d’interventions pouvant optimiser la résilience. Il visera également à identifier et à examiner les organisations participant à des initiatives liées à l’eau dans les zones d’accueil de personnes déplacées, à aider à combler les lacunes existantes et à tirer parti des synergies, en veillant à assurer de manière efficace et efficiente la satisfaction des besoins en eau des réfugiés et des communautés d’accueil.
Le programme mené au Soudan du Sud a pour objet de renforcer les moyens de subsistance en mettant l’accent sur la contribution de la biodiversité et des services écosystémiques à la résilience. Il permettra de créer une base de référence sur la biodiversité des eaux douces et d’évaluer les pressions anthropiques exercées sur les écosystèmes de la zone humide du Sudd.
Pour permettre à CIWA de continuer sur la voie de la réussite
CIWA a pris plusieurs mesures essentielles pour exploiter ses acquis au cours des années à venir.
Le programme s’est employé, en étroite collaboration avec les partenaires de développement, ses clients, des spécialistes de la Banque mondiale et d’autres partenaires, à constituer une solide réserve de projets, à actualiser sa théorie du changement et à élaborer un nouveau cadre de résultats intitulé Pathways to Impact (Trajectoires menant à des résultats). Ces différentes initiatives font état des pressions croissantes exercées sur les eaux transfrontalières, de la réorientation plus stratégique des activités et de l’adoption d’approches permettant de considérer de manière plus efficace les thèmes transversaux de la biodiversité, de la résilience climatique, de la parité femmes-hommes, de l’inclusion sociale, et de la fragilité, des conflits et de la violence, qui permettront d’obtenir des résultats dans les trois grands domaines du programme (Investissements, Information et Institutions).
Le cadre de résultats Pathways to Impact préconise l’établissement d’un portefeuille d’investissements plus diversifié couvrant la gestion des ressources en eaux souterraines, les solutions fondées sur la nature, la biodiversité et les moyens de subsistance ; la poursuite à plus grande échelle des programmes d’intégration régionale avec l’appui de l’Association internationale de développement (IDA) de la Banque mondiale ; et le renforcement d’une approche ascendante grâce au déploiement de plus amples efforts pour davantage associer les populations locales à la gestion et à la sécurité des ressources en eau, à la prévention des conflits et à l’instauration de la paix. Ces objectifs reflètent le fait que la gestion de l’eau transfrontalière est un bien public régional.
CIWA s’est également donné les moyens de renforcer ses activités stratégiques en élaborant (en anglais et en français) un cadre pour les situations de fragilité, de conflit et de violence (FCV), en actualisant son cadre pour la parité femmes-hommes et l’inclusion sociale (GESI), en procédant à une évaluation de la biodiversité et en concevant un cadre pour la biodiversité et sa conservation. Il a par ailleurs procédé à une évaluation des effets de ses initiatives sur le changement climatique, selon laquelle six grands investissements hydroélectriques auxquels il a donné son aval pourraient réduire chaque année les émissions de gaz à effet de serre de 26,4 millions de tonnes d’équivalent CO₂ (tCO2eq).
La Banque mondiale s’est fondée sur les résultats obtenus par le programme, la demande soutenue de ses clients et l’intérêt marqué des bailleurs de fonds pour accorder à CIWA une prolongation de cinq ans, de 2026 à 2031. Ce dernier pourra ainsi achever les activités en cours et aura plus de temps pour lever les fonds nécessaires à la mise en œuvre de sa réserve de projets.
CIWA est bien placé pour poursuivre les objectifs plus ambitieux fixés cette année par la Banque mondiale et sa nouvelle mission, à savoir parvenir à un monde sans pauvreté sur une planète vivable. Il doit, pour ce faire, inscrire ses activités dans le droit fil des programmes sur les défis mondiaux de la Banque mondiale, sachant que le premier d’entre eux concerne le renforcement de la sécurité de l’eau, l’élargissement de l’accès à l’eau potable et à l’assainissement, et la poursuite à plus grande échelle de mesures de gestion durable de l’eau.
Perspectives
CIWA prévoit d’entreprendre, au cours de l’année qui vient, un projet avec le Discours du bassin du Nil afin d’associer les populations locales à la production de données sur l’eau et le climat dans le but de renforcer la résilience, la gestion des ressources en eau, la préparation aux catastrophes et la coopération. Il envisage également de lancer une opération dans les prochaines années afin de soutenir l’initiative pour le développement, la résilience et la mise en valeur des ressources en eau en Afrique de l’Ouest (DREVE) de la Banque mondiale en produisant des connaissances et en menant d’autres activités dans le cadre d’une assistance apportée à l’Autorité du Bassin du Niger.
CIWA poursuivra ses efforts pour transformer les sources potentielles de conflit en réservoirs de croissance et de développement durables au cours des années à venir.